7.3.06

Le Marquis de Morès [episode 1]

1879, Saumur. Deux jeunes Saint-Cyriens de l'école des Cadets partagent une chambre célèbre pour ses excellents repas et les interminables parties de cartes que l'on y fait pour tenir compagnie au camarade puni, car il est rare qu'un de ses deux occupants ne soit pas consigné. Le plus gros s'appelle Charles, Charles de Foucauld, et sa vie sera celle d'un Saint. L'autre, grand, mince, élancé, avec une tête juvénile s'appelle Antoine de Vallombreuse, marquis de Morès, et sa vie sera celle d'un héros de geste.

"Bad Lands Cowboy"
Sorti d'école, Morès s'aperçoit vite qu'une armée de paix où l'on partage son temps entre les adultères bourgeois et les parades de sous-préfecture n'est pas faite pour lui.
En 1881, il se retourne dans le Pékin. Mais Morès ne cherche ni la respectabilité, ni la réussite sociale. Tandis qu'il vient d'épouser une jeune américaine, Médora de Hofman, il s'embarque pour les États-Unis à la recherche de l'aventure. Toujours en chevalier d'un autre age! Comme ses ancêtres gagnaient un tournoi en l'honneur de leur bien-aimée, lui veut donner à la sienne une victoire sur la nature et défricher les landes du Far West. Au Dakota, à quelques milles des tribus indiennes, il construit son ranch, coiffe le large Stetson, enfile ses bottes et accroche un revolver à la ceinture. En chef né, il regroupe les petits fermiers et fonde une ville: "Médora". Très vite, il apparaît comme il sera toute sa vie: généreux, enthousiaste, refusant par dessus-tout l'injustice et le mépris des petits. Face au trust des syndicats de la viande de Chicago qui exploitent les éleveurs désorganisés, il se dresse et fait construire de vastes abattoirs à Médora; il lance la "Northern Refrigerator Car". Elle a son journal "Bad Lands Cowboy", sa banque, son service de distribution de viande gratuite aux pauvres. Mais le combat est inégal. Ses adversaires disposent d'énormes capitaux et après une lutte héroïque de deux ans durant laquelle il sera souvent retranché dans son ranch avec sa Winchester, Morès doit se rendre et quitter les États-Unis.

A travers le Tonkin
Après un séjour d'un an en Inde et au Népal où il s'est livré à la chasse au tigre, Morès trouve une nouvelle aventure, une nouvelle occasion de servir: la construction d'un chemin de fer de la Chine à la Baie d'Along à travers le Tonkin. En février 1889, Morès s'enfonce dans le cœur de la forêt indochinoise avec trente coolies et huit poneys. Dans cette région infestée de fauves et de reptiles, la petite colonne progresse: Nihm-Dap-Co, Lang-Son, Tien-Yen, rien n'arrête les infatigables voyageurs. Mais le nouveau ministre de l'Intérieur, Constans, pressé par les affairistes chinois à qui un chemin de fer à travers le Tonkin ferait perdre de nombreux marchés force Morès à arrêter son expédition. Dans le paquebot qui le ramène à Marseille, Morès pleure un beau rêve, mais il est bien décidé à abattre les escrocs qui l'ont trahi.

(à suivre...)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il était beau, il était grand, c'était un très grand torero. Olé!