24.4.06

Canne de combat et bâton: l'escrime du bois


La canne de combat, longue d'environ 95 cm et pesant 125 g, a presque toujours été associée à la pratique et à l'enseignement de la boxe française. Autrefois obligatoire dans le cursus de l'enseignant de canne, elle est maintenant au sein de la Fédération une discipline associée mais indépendante.

L'art de la canne était aussi bien enseigné dans les arrières salles des débits de boissons populaires que dans les salles d'escrime, et les premiers manuels sont rédigés par des maîtres comme Leboucher, qui fait paraitre en 1843 une Théorie pour apprendre à tirer la canne, et, plus tard par le prestigieux Charles Charlemont, qui publie en 1899, L'Art de la boxe française et de la canne.

A Paris, on retrouve souvent la canne au côté de mouvements politiques comme celui des anarchistes ou des Camelots du Roi, qui en avaient fait un signe de reconnaissance, mais également un redoutable instrument de combat aux extrémités plombées. La police elle-même n'était pas avare de coups, ce qui valut à certains de ses représentants le surnom ironique de "cognes". "En 1899, un commissaire de police a été grièvement blessé lors d'une émeute, raconte Gilbert Segas, un antiquaire spécialisé dans les cannes anciennes, et la même année le président de la République, Emile Loubet, a été assailli à coups de canne par un opposant, le baron de Christiani".Si l'arme est ancienne et fait partie du patrimoine, le sport, lui, ne cesse de se renouveler et d'attirer de nouveaux pratiquants, plus passionnés que jamais. Symbole de l'aristocratie, à l'égal de l'épée, la canne est popularisée pendant la Révolution grâce aux "incroyables" dont les gourdins volontairement frustres, à l'inverse des cannes ornées de l'Ancien Régime, semaient la terreur dans les rues de la capitale.
Simple pièce du costume au XIX ème siècle, la canne suit la mode pas à pas à travers l'Europe. On la porte au bout du bras, du bourgeois libéral au monarchiste convaincu, sans oublier le bonapartiste, le compagnon du devoir ou le souteneur des Batignolles.

Dès lors , l'imagination s'enflamme, et l'on ne compte plus les brevets. Canne-épée, canne-fusil, canne-pistolet, canne à système hérissée de lames de rasoir : cet attirail inonde le marché. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, l'armée contribua également à la diffusion de la canne française et du bâton car tous les conscrits étaient tenus d'en connaître au moins les rudiments, et les maîtres d'armes décernaient à ceux qui s'en montraient dignes des brevets que se disputent aujourd'hui les collectionneurs.La canne est alors un objet dont nul promeneur ne songerait à se séparer. Car cet élément apparemment accessoire peut se muer en une arme redoutable entre les mains de quiconque sait la manier. Et comme à cette époque, les rues étaient peu sûres et les mauvaises rencontres fréquentes, la canne s'avérait un excellent moyen d'assurer sa sécurité, au même titre que la savate, cet ancêtre de la boxe française.
La canne perdit une bonne partie de son intérêt en tant qu'arme de défense lorsqu'elle cessa d'être un accessoire vestimentaire à la mode. Restait le sport. Il vaut toujours d'être découvert.

(source: Le Figaro)

1 commentaire:

No Hassle Loans a dit…
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