
A ce moment, Morès va se lancer dans une mêlée politique. Pendant cinq ans, il va mener une lutte inouïe. Comme avec les cow-boys, comme avec les tigres et plus tard les touaregs, il va largement payer de sa personne. Mais Morès est soutenu. Autour de lui, il y a les bouchers de la Villette, ses "chers bouchers" qui l'adorent, il y a les forts des Halles, les garçons d'échaudoirs et les toucheurs de bœufs. A chaque réunion, à chaque échauffourée, ils sont là toujours prêts à soulever le faubourg pour Morès. Cet extraordinaire marquis va mettre toute son énergie à les entraîner et servir la France, sa France qu'il veut chrétienne et sociale. Contre les biens-pensants il dresse ses gars des Halles, les petits, ceux que l'on méprise ("les hommes que vous appelez rebuts d la société sont plus honnêtes que bien des gens qui fréquentent vos salons" ). Contre les capitalistes et les profiteurs, il dresse les exploités ("Trouver normal qu'un homme vive aux dépends des autres, cela je ne puis").
A l'orgueilleuse démocratie bourgeoise, il oppose un programme socialiste et national, il demande "la convocation d'une Haute Cour de Justice populaire pour faire rendre gorge aux voleurs de la fortune publique". Au premier rang de ses adversaires, Morès désigne les Juifs. Pourtant, ses véritables adversaires, ce sont l'opportunisme et l'égoïsme bourgeois. Son combat, c'est celui d'une France chrétienne et ouvrière contre la fortune anonyme et vagabonde. Comme beaucoup de ses contemporains Morès a tendance à ne pas distinguer les idées des hommes qui les expriment. Quand sa campagne politique s'achève, Morès n'a guère plus de trente-cinq ans. Duels, matraques, prisons, il a connu une étonnante alternance de succès et de défaites. mais servir demeure son unique but.
(à suivre)
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