Né en 1894, Henri Lagrange s’est vite révélé une forte personnalité et un talent prometteur.
Il publie son premier article dès 1910, à l’âge de seize ans, dans la Revue critique des idées et des livres, ce qui lui vaut d’être remarqué par Maurice Barrès et Romain Rolland.
Ce jeune et bouillant Camelot du roi s’est surtout rendu célèbre pour avoir giflé et insulté publiquement le président Armand Fallières en juin 1911, lors des festivités qui se déroulèrent à Rouen pour célébrer le millénaire du rattachement de la Normandie à la France. Cela lui a valu six mois de prison, qu’il a effectué au régime de droit commun, malgré les efforts déployés en sa faveur par plus de cent cinquante écrivains et artistes (dont Guillaume Apollinaire, Frédéric Mistral, Francis Carco, Paul Fort, Pierre Loti, Francis Jammes, Emile Faguet, Paul Bourget, etc.).
Ce geste lui valu une grande popularité auprès des étudiants d’Action française, dont il va devenir l’année suivante le secrétaire général. Il n’en sera pas moins exclu de l’Action française pour son « activisme » en 1913 . Se liant d'amitié avec Georges Valois, il travaille au rapprochement des nationalistes monarchistes et des syndicalistes révolutionnaires en se fondant sur l'héritage politique de Sorel et en créant le Cercle Proudhon.
En août 1914, il se porte volontaire et déclare "C'est aux intellectuels qu'il appartient de donner l'exemple". Blessé le 6 Octobre lors de l’attaque d’Auberive , il décède de ses blessures à l'hôpital de Montereau.
Maurras, avec qui il avait sans succès tenté de se réconcilier lors de sa mobilisation, lui décernera le titre de « prince de la jeunesse » dans la préface qu’il rédigera pour un recueil de ses textes, Vingt ans en 1914. Etudes politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre, édité en 1920 par la Nouvelle librairie nationale. En 1917, Maurice Barrès consacrera lui-même plusieurs pages de ses Familles spirituelles de la France à cet « oiseau des tempêtes », cette « pierre du torrent, pleine d’étincelles ». En 1924, Valois citera Henri Lagrange parmi les dédicataires de son essai sur La Révolution nationale. « La nouvelle génération fut manifestement marquée du signe de son sacrifice. J’ai vu tout frémissant d’une impatience sacrée le jeune Lagrange pareil à un pressentiment vivant », fera dire Bernanos à l’un des personnages de son livre Sous le soleil de Satan (1926).
31.10.06
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