La fleur de lis ou ce que nous baptisons telle, a été un symbole utilisé depuis très longtemps comme motif de décoration ou sur des monnaies. Elle a été souvent associée à la souveraineté et, à ce titre, a orné des sceptres, des vêtements ou des sceaux dans de nombreux pays et à toutes les époques. On pourrait disserter longuement sur ce qui a inspiré ce dessin stylisé: si c'est une fleur, laquelle (iris, lis, lotus ou genêt?), est-ce un oiseau (colombe, abeille?) ou un dessin libre? Toujours est-il que la chrétienté va très tôt l'associer d'abord au Christ puis à la Vierge Marie grâce aux interprétations que firent de nombreux docteurs de l'Église sur le Cantique des cantiques, de saint Jérôme à saint Bernard. C'est ce dernier saint qui fut familier de Suger et de Louis VII qui a pu conseiller que le roi utilise le lis sur ses armoiries. Car c'est à cette époque que sont inventées les blasons. Les casques devenant des heaumes fermés, il fallait bien pouvoir reconnaître un individu sur un champ de bataille ou les lices d'un tournoi. On peignit alors des images en couleur sur les boucliers et les vêtements et les bannières s'accordèrent à ces dessins. Les rois utilisaient déjà le lis sur leurs sceaux ou sur leurs sceptres, Philippe II Auguste le mit sur sa couronne et Louis VII décida qu'il porterait "d'azur au semé de lis", d'abord sur ses vêtements, sa bannière, puis son écu. C'est le roi Charles VI qui en 1380 arrêta à trois, symbole de la Trinité divine, le nombre des lis sur le blason. Le lis composé de trois branches illustra soit l'union de la foi, la sapience et le courage, idéal chevaleresque, soit la foi, l'espérance et la charité, idéal du chrétien.
On raconta par la suite que ces armes avaient été prises par Clovis soit après la bataille de Tolbiac, soit après son baptême, sur l'inspiration de son épouse, la reine Clothilde, ou bien d'un ermite de l'ermitage de Joyenval. On prétendit que le roi des Francs avait auparavant un blason portant trois croissants (symboles de son paganisme), puis, avec l'apparition du croissant de l'Islam, on dit qu'il portait trois crapauds (symboles démoniaques). Ces légendes démontraient que la conversion du roi avait boulversé son état au point qu'il en changea les symboles.
Toujours est-il qu'en faisant choix du lis pour ses armes en un temps où la plupart des souverains choisissaient des animaux sauvages (lions, léopards), le roi de France affirmait bien haut sa position de Fils Aîné de l'Église et l'idéal qu'il entendait représenter: à savoir celui qui devait conduire ses sujets aux portes du Royaume éternel.
- Alexandre Loire, in Le sacre des rois de France -
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