12.1.09

Le Roi te touche...

Thaumaturge signifie « qui fait œuvre de prodiges », c’est-à-dire de miracles. Seuls les rois de France et d’Angleterre étaient dotés du pouvoir de guérison. La tradition vient de Clovis qui aurait, disait-on au XVIe siècle, guéri son serviteur Lanicet. Plus tôt, Grégoire de Tours raconte qu’une femme avait subtilisé des brins du manteau de Gontran, le fils de Clotaire Ier. Elle les avait mis dans de l’eau et avait fait boire son fils atteint de fièvres malignes. Celui-ci avait été guéri.

C’est seulement sous les Capétiens que la tradition prit forme. Au troisième jour du sacre les rois partaient pour Corbeny à mi-chemin entre Reims et Laon pour procéder aux guérisons. Pourquoi Corbeny? La raison est qu’à Corbeny étaient conservées les reliques de saint Marcoul. Saint Marcoul serait né à Bayeux en 490. Il avait assuré à Chilpéric que lui et ses descendants avaient le pouvoir de guérir les écrouelles. Lorsque le monastère où ses reliques étaient conservées fut détruit, Charles le Simple demanda à l’évêque de Coutances de les faire transférer à son palais de Corbeny. Le roi y fonda un monastère en 907. On atteste que Robert le Pieux possédait ce pouvoir de guérison ainsi que son petit-fils Philippe Ier.

En Angleterre, Henri Ier, fils de Guillaume le Conquérant et Henri II Plantagenêt procédaient eux aussi au toucher des écrouelles.

Le roi saint Louis fut le premier à inaugurer la tradition de se rendre à Corbeny. La tradition du pèlerinage s’établit définitivement à partir de Jean le Bon. Par la suite, le seul qui ne put s’y rendre fut le roi Henri IV car la région était tenue par les Protestants.

Après la cérémonie du sacre, le roi se rend donc à Corbeny où il est reçu par le Maître des Merciers qui porte le cierge de confrérie de saint Marcoul. Le roi prend l’image du saint et pénètre dans l’église où il reçoit la bénédiction du prêtre après la messe, il procède au toucher des écrouelles, dans la cour du palais. A partir du XVIe siècle, touchant les plaies des malades il prononce la formule: « Dieu te guérisse, le roi te touche ». Louis XIII, 3000 et Louis XV, 2000. Les rois ne limitaient pas cette cérémonie aux seuls sacres, mais la répétaient à l’occasion des grandes fêtes religieuses annuelles. Charles X, lui aussi toucha 121 malades après son sacre.

- Rémy de Bourbon Parme; in Scriptoria n°4 -

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