
En mars 1893, Morès s'embarque pour la Tunisie avec un plan audacieux qu'il mûrit depuis plusieurs mois: réaliser l'alliance franco-islamique. Ce n'est pas une guerre de conquête qu'il envisage. Son projet est de libérer les Arabes du joug du colonialisme anglais et d'illustrer le nom de la France immortelle en prêtant main forte aux peuples capables de se défendre.
"Paris fut étonné, écrit un journal américain, d'apprendre que Morès avait déclaré la guerre à la Grande-Bretagne. L'idée d'un simple individu jetant le gant à une nation de trois cent millions de sujets semblait une droleris. Mais l'Angleterre avait pris la chose au sérieux. Elle connaissait le marquis et son mépris de la mort." En mai 1896, lorsque Morès quitte Tunis à la tête d ses Arabes, il est magnifique. Une dernière photographie nous le montre, coiffé de son inséparable chapeau de cowboy, appuyé sur sa winchester et portant à la ceinture le revolver qu'il ne quitta jamais de sa vie. Cependant la trahison veille jalousement sur ses préparatifs . Anglais et ennemis de longue date sentent que leur heure est venue. Les guerriers de son escorte ont été achetés. Lorsqu'il s'en rend compte, Morès est déjà engagé loin dans le désert. Mais il n'est pas de ceux que l'on prend vivants. Il faudra plusieurs jours d'observations puis plusieurs heures de combat durant lesquels, à quarante contre un, les Touaregs perdront douze hommes, pour en finir avec Morès. C'est debout, beau et brave comme un lion, que Morès a reçu le coup de grace de ses adversaires rampants.
Lorsque, recouvert du drapeau tricolore le cercueil de Morès traversa Marseille, la foule spontanément le fleurira. A Notre-Dame de Paris, tous ses amis et compagnons de combat, les humbles qu'il avait soulevé pour un monde meilleur, vinrent le saluer une dernière fois. Au cimetière de Montmartre, Drumont et Guérin rappelèrent son engagement. Un officier parla au nom de l'armée, et Bernard Roux au nom de bouchers de la Villette. Maurice Barrès, enfin, le prince de la jeunesse, se déplacera pour rendre hommage au héros. "Morès fut un penseur héroïque si, comme je le crois, l'effort intellectuel suprême, la formule de compréhension qui ne saurait être dépassée, c'est de joindre à un si magnifique amour de vivre, une si héroïque acceptation de la mort."
- Valérie Buteval - Insurrection #13
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