12.6.06

Boudarel: le commencement


Boudarel Démission!

Le 20 juillet 1954 tout juste dix semaines après la chute du camp retranché de Dien Bien Phu les accords de Genève entérinent l'existence de la République démocratique du Nord Vietnam.
Huit ans de guerre, 92 000 morts, 3 000 milliards de francs... le prix de l'abandon. L'Indochine française a vécu. À Paris comme à Hanoï les communistes pavoisent, l'armée française pleure ses morts et ses prisonniers. En effet, plusieurs milliers de ses soldats croupissent toujours au nord du 17ème parallèle dans les camps de concentration vietnamiens. Loin, très loin de la convention de Genève et des caméras de CNN.

Un commissaire politique

Violences, brimades, déchéance physique, rien que de très banal pour les infortunés prisonniers d'une guerre d'avant le Golfe. Mais la guerre que mène Ho Chi Minh - soutenue par la Chine maoïste - est une guerre politique. Elle s'inscrit dans le cadre de la guerre froide et de la bipolarisation du monde qui voit Moscou récupérer les révoltes anticolonialistes afin de déstabiliser l'adversaire. La machine soviétique fournit armes et conseillers militaires, l'internationale communiste prenant en charge l'éducation des masses laborieuses par son encadrement politique : les fameux commissaires politiques de la Révolution qui sont également responsables de la rééducation des prisonniers.
Georges Boudarel est l'un d'entre eux.

Professeur de français dans un lycée de Hanoï lorsque la crise a éclaté : "Opposé à toutes formes d'impérialisme et de colonialisme, j'ai aussitôt rejoint grâce à mes contacts communistes, la résistance viteminh" confie-t-il à nos confrères de Minute-la-France. Insoumis, traître à la France, il prend les fonctions de commissaire politique adjoint itinérant. "Mon rôle, déclare-t-il à Minute, consistait chaque jour à enseigner les principes de la révolution culturelle aux prisonniers. À leur inculquer les bases d'une éducation politique afin qu'une fois rentrés en France, ils interpellent l'opinion pour que cesse cette guerre injuste."
Boudarel n'a peut-être jamais assassiné de soldats français de ses mains. Il n'en est pas moins responsable de la mort de bon nombre d'entre eux - tous ceux qu'il a privés de libération pour inaptitude politique, pour un vers de l'Internationale oublié, une maxime d'Ho Chi Minh bafouillée...

L'oeuvre la plus lâche, la plus infâme de Boudarel et des siens, c'est sans doute d'avoir profité de la débilité physique des prisonniers pour les contraindre à se réduire en chiens. Les témoignages des rescapés des camps de la mort viets, du camp 113 - celui de Boudarel - surnommé le "Dachau vietminh", relatent le degré de bestialité dans lequel ils étaient poussés pour survivre : se dénoncer les uns les autres, renier camarades et Patrie, écrire à leur femme combien était agréable le séjour dans ce petit village de bambou au milieu d'un peuple si courageux !

Quand un bourreau se prend pour un GO

Boudarel s'est efforcé d'étouffer ce qu'il y avait d'humain chez ses prisonniers : leur dignité, leur esprit critique, leur sensibilité. Une telle abjection ne peut avoir d'excuses, quelle que soit l'idéologie politique qui la motive.

Condamné à mort par un tribunal militaire, en 1964, Boudarel quitte le Vietnam pour Prague : la rééducation des soldats yankees semblant moins l'intéresser que celle de ses compatriotes. Puis, en 1966, se produit l'impensable. Par un amendement alambiqué voté à l'Assemblée nationale, à l'initiative de deux députés communistes, Boudarel est amnistié. Il revient alors en France dans la plus grande discrétion, profitant des services de l'appareil du PC : un logement de fonction en banlieue rouge et surtout un poste de maître-assistant en Histoire du Vietnam à la faculté de Paris VII-Jussieu.
Pendant 25 ans, la France semblait avoir oublié. Jusqu'à ce 13 février 1991, lorsqu'au cours d'un colloque au Sénat sur l'actualité vietnamienne, un homme se tourne vers l'un des conférenciers. Cet homme c'est Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d'État aux Anciens combattants, prisonnier quatre ans dans les camps viets ; ce conférencier c'est Georges Boudarel, tortionnaire de ses compagnons d'armes.
La France n'avait pas oublié.
L'Action française soutient la démarche des associations d'anciens combattants à l'encontre de Boudarel, mais il ne lui appartient pas de rendre la justice. Il est en revanche du devoir de la jeunesse nationaliste d'interdire à Boudarel-le-traître d'enseigner.


- Guillaume Luyt, in Aspects de la France

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