10.10.06

Les Lyonnais


Investie par les troupes de la convention le 8 août 1793, Lyon capitula le 9 octobre; les soldats tricolores l'occupèrent à l'aube; quelque temps après, le stropiat Couthon et le prévaricateur Laporte, délégués de l'Assemblée, prirent possession de sa Maison de Ville.
Le 29 mai, les Fédéralo-Royalistes de l'antique Lugdunum avaient fait incarcérer le jacobin Chalier, ancien maire de la Reine du Drap et chez des Sans-Dieu du cru, puis publié Lyon émancipée de la tyrannie de Paris.
Il va de soi que Robespierre et sa bande de brigands goûtèrent peu les belles initiatives... Le 8 août, les taupins du général Kellermann, les gardes nationaux du général Dubois-Crancé, des volontaires d'Auvergne aux ordres de Couthon - "Je viens avec mes rochers d'Auvergne!", avait beuglé le venimeux personnage- bloquèrent la métropole rhodanienne et un effroyable siège commença. Quoique bien moins nombreux et bien moins armés qu'eux, les Lyonnais, sous la gouverne de M. le compte Louis-François Perrin de Précy, un gentilhomme hier second du duc de Brissac à la tête de la Garde Constitutionnelle de Louis XVI, ripostèrent rudement aux attaques des "Patriotes". Ils rendirent coup pour coup, boulet pour boulet... Hélas, les trois-quarts des leurs tombèrent au feu; n'ayant plus de munitions, les braves furent obligés de cesser la lutte et d'abandonner Lyon à l'ennemi. Seuls, M. de Précy et une poignée de trompe-la-mort ne s'avouèrent point vaincus: ils rompirent les échelons bleu-blanc-rouge le fer à la main, gagnèrent les monts feuillus du Forez.
La vengeance des Carmagnoles fut atroce. Les tueurs à baudrier des réprésentants du peuple Collot dit d'Herbois et Fouché rasèrent Lyon de fond en comble, mitraillèrent sur la plaine des Brotteaux des milliers de Lyonnais de tous sexes, de tous âges... L'assemblée rebaptisa les ruines de la vaille ville "Commune-Affranchie". Elles conservèrent la grotesque appelation jusqu'au Directoire.

Jean Silve de Ventavon

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